La noce d'Anna

de Nathacha Appanah

Ne pensez pas , vu le calme de ce blog, que je n'ai rien lu ces derniers temps , au contraire la liste est assez longue : " Debout les morts de Fred Vargas, En vrille de Deon Meyer, Rester groupés de Sophie Hénaff, Trafic Sordide de Simon Lewis, Une saison de nuits de Joan Didion, Toxic Blues de Ken Bruen, Là où tombe la pluie de Catherine Chanter, La petite fille de ses rêves et Le cantique des innocents de Donna Leon, Une main encombrante de Mankell et Opération Napoléon d'Indridason, Tant que dure la colère d'Asa Larsson, et pour finir Les prépondérants d'Hédi Kaddour...
Il se trouve que je n'avais pas tellement le coeur à partager; même si globalement tous m'ont intéressé le temps de la lecture, pas de très grosses émotions.
Les polars sont tous des valeurs sures, petite palme aux "Prépondérants" cependant, roman qui traite un sujet grave.

Préambule un peu long pour arriver à ce petit roman La noce d'Anna qui m'a touché alors que je ne m'y attendais pas...La narratrice, célibataire endurcie, marie sa fille ... Tout semble opposer les deux femmes : l'une est heureuse d'épouser pour la vie un huissier qui travaille "dans une grosse boîte " alors que la mère rêve pour elle "d'un garçon qui la fasse rêver avec une barbe de deux jours qui pique et qui chatouille..."
Mais les apparences sont peut-être fausses ! Roman court mais bien divertissant; un peu soixante-huitard attardé et qui a le mérite de se dérouler à Lyon et dans le Bugey ! Un miroir en quelque sorte. Jolie réflexion sur la vie et les liens entre la mère et la fille.

Anna boit son thé lentement, je me demande comment elle peut-être aussi sereine le jour de son mariage, tranquille malgré le poids de ce jour, l'engagement, l'attente de cette vie en commun, les enfants peut-être, mon nom qu'elle a rayé et le nouveau qu'elle portera, Anna Beauvrieu . Elle m'a dit très solennellement que c'était une preuve d'amour que de prendre le nom de son mari . Depuis quelque temps, on dirait que c'est elle la mère, qu'elle m'enseigne et me transmet une certaine idée de la famille, des valeurs traditionnelles et immuables... Comme si elle avait gagné un nouveau statut, celui de femme mariée, et par là-même, elle devenait supérieure à moi . Je suis parfois à deux doigts de lui dire que l'on passe sa vie à chercher la liberté et qu'on n'a de cesse, comme elle avec ce mariage, de s'enfermer . Qu'elle se trompe si elle croit qu'une alliance au doigt la rendra plus sage, plus intelligente, plus constante. Mais j'ai appris que l'expérience des autres n'a jamais servi à rien. D'ailleurs, on se demande bien si on apprend de sa propre expérience.