Les chaussures italiennes

de Henning Mankell.

Ce fut mon premier contact avec l'oeuvre de Mankell et je suis tombé sous le charme de ce roman que vous devez lire absolument.
Au début, Fredrick vit seul, médecin déchu et aigri sur une île de la Baltique, avec un chien sourd ,une vieille chatte et une fourmilière au milieu du salon. C'est Noël et la banquise le cerne; tous les jours, il creuse un trou dans la glace et s'y baigne intégralement nu par une température de -20°.
Lorsqu'il remarque au loin sur la banquise une forme qui semble venir chez lui, il a d'abord le réflexe de se cloîtrer mais dans ses jumelles il a la stupeur de découvrir qu'il s'agit d'une vieille femme s'aidant d'un déambulateur. Son étonnement est à son comble lorsqu'il reconnaît Harriet, son grand amour de jeunesse qu'il a lâchement abandonné quarante ans auparavant… Elle s'évanouit dans la neige, il s'épuise à la sauver (c'est un médecin !) et quand elle revient à elle, ses premiers mots sont :

"Tu pues de la bouche. Tu as mauvaise haleine."

En fait, elle veut avant de mourir lui faire tenir une de ses promesses...
La suite est à la hauteur de ce début, avec la rencontre de personnages hauts en couleur, le tout en fond de réflexion sur la vie, la mort.

Extrait :

" Mais ce bruit ?
J'ai écouté dans le noir. Vu la provenance du son, ce devait être la glace qui bougeait, malgré tout-bien qu'ici au fond de la baie, elle ait une épaisseur d'au moins dix centimètres [...]
Tout en écoutant le bruit, j'ai pensé que la vie avait défilé très vite. Je suis ici maintenant. un homme de soixante-six ans, solvable, porteur d'un souvenir qui le taraude en permanence. J'ai grandi dans une pauvreté impossible à imaginer aujourd'hui dans ce pays. Mon père était serveur de restaurant -un serveur humilié et obèse-, ma mère s'évertuait à faire durer l'argent du ménage. Je me suis extirpé de ce puits."

Edition : Seuil