Polars...

Un petit tour pour vous parler rapidement des trois derniers polars que je viens de lire. J'avoue avoir un faible pour le Suédois Mankell et l'Islandais Arnaldur Indridason mais je suis pourtant resté sur ma faim à la lecture de deux romans d'Indridason : La rivière noire et Betty.

Dans le premier, le flic habituel, Erlindur, est absent et c'est sa collègue Elinborg qui mène l'enquête : Un type qui viole des filles en les droguant semble avoir été assassiné par sa dernière victime... L'intrigue est assez conventionnelle, y compris dans son dénouement... A croire que chez Indridason , c'est ce personnage de flic tourmenté qui me plaît plus que le reste...
J'ai cependant apprécié comme d'habitude ce type de polar qui n'est souvent que prétexte à peindre la société islandaise.
Ce que j'ai peu retrouvé dans Betty, encore plus faible, à mon sens, au plan de l'intrigue dont je ne dirai rien tant elle est simple. Cependant, il y a un piège et je suis tombé dedans ; belle surprise à la moitié du roman mais c'est tout.

Tout au contraire, j'ai été enchanté par Des myrtilles dans la yourte de Sarah Dars (publié en 2009) C'est à peine un polar tant l'intrigue importe peu : Larry, un américain, a disparu au cours d'une partie de chasse en Mongolie... Tout repose sur le personnage l'inspecteur Yesügei, ivrogne, lubrique, il connaît la steppe et les nomades mieux que personne :

"Yesügei aimait les paysages de sa terre natale, autant, plus même, que les femmes. A vrai dire, les uns lui évoquaient les autres et vice-versa et son goût pour les deux s’en trouvait renforcé. Les femmes aux reliefs proéminents lui rappelaient les sommets de l’Altaï ; les plus vallonnées, le Khangaï ; les fausses plates, la steppe ; les profondes, le Gobi ; les brillantes, le ciel ; les ondoyantes, une rivière, mais pas n’importe laquelle. Selon que la femme se montrait lointaine, trouble, pure, maternelle, aventureuse, limpide, ce chaud lapin pensait à la Kerulen, à la Hara, à la Selenga, à la Tuula, à l’Orkhon, à la Tamir ... C'était ainsi et pas autrement.

Au passage, l'auteur emploie un terme que je ne connaissais pas : "margachisme" au sens de "procrastination" et apparemment construit sur le mot "margach" qui signifie demain.
Ce roman m'a tout à la fois envouté et interrogé; notamment dans la partie finale qui met à jour toutes les magouilles autour de la bio-piraterie...

" ... un mot nouveau pour une pratique ancienne car, à l’échelle artisanale, ça s’est toujours pratiqué : l’homme a toujours exploré ailleurs la flore inconnue chez lui. Mais depuis que c’est devenu une véritable industrie, on ne constate qu’abus et corruption. Parce qu’il n’existe aucune équité entre les pays fournisseurs de plantes et ceux qui traitent et exploitent la marchandise, les prospecteurs, souvent étrangers, cherchent à tirer bénéfice à la fois de leurs employeurs et de leurs fournisseurs, les collecteurs indigènes. Ceux-ci sont les principales victimes, car ils ne voient que rarement la couleur des profits annoncés. Ainsi, qu’il s'agisse de minerais ou de plantes et essences pour la pharmacologie, la cosmétologie ou les engrais, étant donné les puissance des lobbies, les intérêts économiques priment au point d’influencer aussi bien la politique de l’Etat que les scrutins régionaux. »