Les années ,

Je n'avais jamais lu Annie Ernaux avant qu'elle ne se retrouve, nobelisée, sous le feu des projecteurs et j'ai donc, au hasard, choisi ce roman qui semblait couvrir un laps de temps très proche de ma propre durée de vie.

L'argument en est simple, c'est une autobiographie, s'appuyant sur des souvenirs reconstitués à l'aide de photos.

La photo en noir et blanc d'une petite fille en maillot de bain foncé, sur une plage de galets. En fond, des falaises. Elle est assise sur un rocher plat, ses jambes robustes étendues bien droites devant elle, les bras en appui sur le rocher, les yeux fermés, la tête légèrement penchée, souriant. Une épaisse natte brune ramenée par-devant, l'autre laissée dans le dos. Tout révèle le désir de poser comme les stars dans Cinémonde ou la publicité d'Ambre Solaire, d'échapper à son corps humiliant et sans importance de petite fille. Les cuisses, plus claires, ainsi que le haut des bras, dessinent la forme d'une robe et indiquent le caractère exceptionnel, pour cette enfant, d'un séjour ou d'une sortie à la mer. La plage est déserte. Au dos: août 1949, Sotteville- sur-Mer.

A travers la vie de l'auteure, le roman retrace toute l'évolution de cette société issue de la guerre jusqu'à notre monde informatique et connecté, en passant par la guerre d'Algérie et les attentats de l'OAS, le minitel, le Bêbête show, Mitterand et Chirac. Nostalgie pour le lecteur que je suis, réflexions sur l'évolution d'une société mais aussi sur l'avancée en âge. Je m'y suis bien retrouvé et je conseille vivement ce roman qui aurait échappé  à un lecteur malgré le battage médiatique.